jeudi, février 13, 2025
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Réforme des pensions de réversion : qui va perdre gros avec le nouveau système en 2025 ?

Le système des pensions de réversion en France, pilier essentiel pour de nombreux retraités, pourrait connaître un bouleversement majeur en 2025. Si les propositions de réforme visent une simplification, elles pourraient aussi redessiner les contours d’une solidarité nationale jusque-là inégalement distribuée.

La complexité des pensions de réversion

En France, les pensions de réversion constituent une aide cruciale pour les veufs et les veuves. Elles permettent au conjoint survivant de percevoir une partie de la retraite de leur époux ou épouse défunt. Aujourd’hui, ce dispositif concerne plus de 4,4 millions de retraités, mais il est marqué par une application inégale selon les régimes.

Par exemple, le régime général impose des conditions strictes. Le bénéficiaire doit être âgé d’au moins 55 ans et respecter un plafond de ressources de 24 232 euros par an pour y prétendre. À l’opposé, dans la fonction publique, les limites de revenus ne s’appliquent pas, mais un minimum de deux ans de mariage est requis pour obtenir cette prestation.

Les régimes complémentaires, comme l’Agirc-Arrco ou celui des avocats, ajoutent une autre couche de complexité avec des exigences supplémentaires, notamment en termes de durée de mariage. Cette disparité des règles contribue à une véritable « jungle administrative », décourageant de nombreux demandeurs potentiels.

Par ailleurs, les montants versés varient selon le régime : le régime général prévoit 54 % de la retraite de base du défunt, tandis que certains régimes complémentaires versent jusqu’à 60 %. Des différences qui renforcent l’inégalité d’accès et de traitement.

Une réforme des pensions de réversion

À l’horizon 2025, une réforme ambitieuse du système de réversion pourrait entrer en vigueur. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) propose d’harmoniser les règles afin de simplifier l’accès aux droits. Parmi les changements envisagés figure la suppression des conditions de ressources ou du remariage, qui limitent actuellement l’éligibilité. Un âge minimum unifié à 55 ans (ou inférieur) pourrait également être institué pour tous les régimes.

Un autre aspect clé de cette réforme concerne les taux et les modes de calcul. Actuellement, ceux-ci oscillent entre 50 % et 60 % selon les régimes. Le COR envisage un alignement général, accompagné d’une refonte de la méthode de calcul.

Les nouvelles règles proposées reposeraient sur une formule de partage de revenus entre les conjoints. Par exemple, la pension de réversion représenterait la différence entre deux tiers de la retraite du défunt et un tiers des revenus du conjoint survivant. Un changement qui pourrait avantager certains foyers mais en inquiéter d’autres.

Qui seront les gagnants et les perdants ?

Ce projet de simplification du dispositif suscite déjà des avis divergents. Les partisans de la réforme saluent l’objectif d’équité, qui pourrait réduire le problème du non-recours à ces pensions. Actuellement, près de 8 % à 9,5 % des personnes éligibles renonceraient à leurs droits en raison de la complexité des démarches.

En revanche, certains scénarios issus des projections suscitent des inquiétudes, notamment pour les foyers aux revenus intermédiaires ou élevés. Les calculs proposés pourraient occasionner des baisses significatives des montants versés dans certains cas précis, comme l’a révélé Le Journal du Net.

À titre d’exemple, un conjoint survivant dont les revenus sont modestes – 900 euros par mois – pourrait voir sa pension de réversion légèrement augmenter, passant de 1 250 euros à 1 367 euros. En revanche, un survivant gagnant 1 500 euros mensuels recevrait 1 167 euros, soit une baisse par rapport aux 1 250 euros actuels.

Le cas des foyers aisés est encore plus sensible. Un conjoint disposant de revenus supérieurs à 3 000 euros pourrait ne percevoir que 667 euros de pension, contre 1 250 euros auparavant. Ces projections montrent que la réforme pourrait favoriser les foyers modestes mais pénaliser fortement les conjoints aux revenus proches ou équivalents à ceux du défunt.

En résumé, si l’objectif d’une réforme plus « lisible » est louable, les implications concrètes sur le niveau de vie des bénéficiaires suscitent des interrogations majeures. Le débat s’annonce brûlant pour les années à venir, alors que l’équilibre entre solidarité et équité reste à trouver.

Thierry Delarue
Thierry Delaruehttps://www.bip-media.fr
Bonjour, je m'appelle Thierry et j'ai 42 ans. Je suis journaliste passionné par l'actualité et la communication. Bienvenue sur mon site web où je partage mes reportages, mes analyses et mes réflexions sur les sujets qui me tiennent à cœur.
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